De nombreux conseils d’écoles vont se réunir dans les jours ou les semaines qui viennent et vont être consultés sur les rythmes scolaires à la rentrée prochaine.
Les enseignants ont tout à fait le droit d’y exprimer leur point de vue, en l’occurrence sur les difficultés générées par la mise en place de la réforme. Les propos de supérieurs hiérarchiques expliquant aux enseignants que leur obligation de réserve leur interdit de donner leur opinion dans un conseil d’école sont sans fondement juridique.
Les municipalités sont en général très réservées sur l’application de la réforme dès 2013, malgré les aides données par l’Etat qui ne couvrent pas les frais engendrés par l’organisation des temps d’accueil péri-éducatifs et qui ne sont prévus que pour une année. De grandes villes, comme Lyon ou Montpellier, ont décidé d’attendre 2014. Même la mairie de Lille hésite à mettre en place le dispositif dès 2013.
Dans le département, sur les cinq plus grandes villes, quatre (Amiens, Albert, Péronne, Roye) envisagent sérieusement ou ont décidé d’attendre 2014. La cinquième (Abbeville) ne s’est pas encore officiellement prononcée.
Dans ce cadre et après le succès de la grève du 12 février, nous invitons les enseignants à intervenir dans les conseils d’école pour faire en sorte que l’avis donné demande le report de l’application du décret à 2014, à défaut de son abrogation immédiate.
Ci-dessous, le compte rendu de la réunion entre le Maire d’Amiens et les directeurs d’écoles du 4 mars 2013 sur les rythmes scolaires.
En introduction, le Maire a rappelé avec beaucoup d’enthousiasme les différentes mesures prises par le Ministre Vincent Peillon « pour contribuer à la réussite des élèves » : le rétablissement de la formation des enseignants et la création des ESPE, la création des 60 000 postes sur cinq ans*, la re-scolarisation des enfants de moins de trois ans, toutes mesures ne pouvant être bien accueillies par les enseignants selon lui.
Sur les rythmes scolaires, le Maire a affirmé son total soutien à la réforme du ministre présentée comme nécessaire.
A la question de savoir s’il organiserait la réforme dès 2013 ou en 2014, le maire a indiqué qu’aucune décision n’était prise et qu’il attendait la réunion du conseil municipal du 21 mars pour arrêter sa décision. Il a toutefois précisé à plusieurs reprises qu’il ne voulait pas précipiter les choses : « nous avons besoin de temps pour mesurer nos capacités et pour mettre en œuvre ce projet correctement ». Chacun des directeurs a compris que l’application des nouveaux rythmes scolaires à Amiens se ferait vraisemblablement à la rentrée scolaire 2014.
La cinquantaine de directeurs présents a tenté d’obtenir des réponses pour savoir comment pourraient être organisée cette réforme : A quelle heure seraient organisés les TAP (Temps d’accueil péri-éducatifs) ? Les plages horaires seraient-elles les mêmes dans toutes les écoles ? quels animateurs interviendraient ? Quelles activités seraient organisées ? Les associations pourraient-elles intervenir ? Quels locaux seraient utilisés pour les TAP ?, quelle amplitude y aura-t-il pour la pause du midi ? Les enseignants auraient-ils le choix de déterminer l’heure et la durée des APC ?
Très peu de réponses ont été données par le Maire d’Amiens. Il a précisé que la réforme était à construire et qu’il souhaitait le faire avec les enseignants et les centres aérés dans les quartiers, que dans ce but, il souhaitait organiser des échanges pour bâtir « un projet éducatif global ».
Quelques informations particulièrement intéressantes ont toutefois filtré : Les activités organisées par la municipalité ne seraient pas obligatoires, certaines d’entre elles pourraient ne pas être gratuites pour tous les enfants, les écoles pourraient ne pas toutes avoir le même emploi du temps chaque jour de la semaine. Les enfants n’auront pas l’obligation de rester à l’école jusque 16 h 30.
Cette réunion conforte notre syndicat dans l’analyse qu’il défend sur la réforme des rythmes solaires : ce projet prépare le transfert aux collectivités locales de l’école de la République. Plus que jamais : abrogation du décret Peillon sur les rythmes scolaires !
*Au cours de la discussion à l’issue de la réunion entre le maire et les responsables du SNUDI-FO présents et qui en ont profité pour l’alerter sur la situation des écoles maternelles d’Amiens 4 qui comptent des effectifs moyens qui dépassent parfois 30 élèves par classe et pour qu’il intervienne auprès du DASEN pour obtenir des ouvertures de classe, ce dernier a précisé que les créations de postes ne pourraient être utilisés à alléger les effectifs dans les classes qu’à partir de 2015.