Alors que le ministère a programmé et met en œuvre ses décrets remettant en cause tout l’édifice républicain de l’école et s’attaque frontalement aux statuts des personnels (décrets Peillon/Hamon des rythmes scolaires, décret D’annualisation des enseignants remplaçants et en poste fractionné dans le 1er degré, décret Hamon remettant en cause les décrets de 50 pour les professeurs dans le 2nd degré…), le ministère demande aux enseignants des écoles et des collèges de se « concerter » sur le socle commun de connaissances, de compétences et de culture, d’une part et les nouveaux programmes de l’école maternelle, d’autre part.
Il s’agit en effet de faire baisser les coûts de l’éducation supportés par la collectivité en réduisant les contenus d’enseignement au minimum.
Dans le cahier de politique économique de l’OCDE, on peut lire : « si l’on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire par exemple les crédits de fonctionnement aux écoles ou aux universités mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants ».
Dans sa contribution à la conférence sociale en Juillet dernier, le MEDF précisait : « Pour tous les niveaux de qualification, les diplômes sont encore bâtis sur une logique de savoirs et de connaissances, et non de compétences. Le phénomène crée un écart néfaste entre la formation initiale et les savoirs et savoir-faire requis pour s’insérer durablement sur le marché du travail. »
Ainsi la refondation de l’école, avec son socle commun, apparait pour ce qu’elle est, une déclinaison des politiques d’austérité appliquée à l’Education Nationale, préjudiciable aux élèves comme aux enseignants.
La consultation des programmes de l’école maternelle poursuit le même objectif d’austérité. Les effectifs explosent littéralement dans les classes, plus de 30 élèves dans certaines d’entre elles.
Mais l’école maternelle, comme l’école élémentaire, est également confrontée au processus de territorialisation dans le cadre des décrets Peillon/Hamon des rythmes scolaires. Ainsi, les ATSEM (Agents Territoriaux Spécialisées de l’Ecole Maternelle), qui sont des personnels communaux, sont invitées à s’associer aux travaux de la consultation.
La lecture du questionnaire du socle commun mis en ligne et proposé pour la consultation est assez édifiante. On est d’abord frappé par les termes absents de cette enquête. Il n’est nulle part question d’orthographe, de grammaire, de mathématiques, d’histoire de France, ou de langue ancienne... Le mot d’instruction lui-même a disparu. L’accent est mis sur « le sociétal », sur la « capacité de l’élève à rechercher le consensus », à « travailler en équipe », à « s’impliquer dans des rencontres individuelles », à pratiquer « la bienveillance et à refuser les discriminations. » Les professeurs se voient très fortement incités à renoncer à la notation, au redoublement, à se prononcer contre le maintien d’examens nationaux,
La mise en œuvre du socle commun et des programmes de maternelle impliquent une évaluation par compétences, une pédagogie par projet, une orientation laissée aux familles, une progression des programmes par cycle décidée localement, de nouvelles relations avec les parents…
Les personnels n’ont pas à subir cette mascarade de consultation où, de toute façon, tout est déjà décidé par le ministère. S’il prenait l’avis des personnels, le ministère n’aurait pas mis en œuvre la réforme des rythmes scolaires, il n’aurait pas publié ses décrets contre les personnels.
Il n’est pas dans les attributions des directeurs d’école qui ne sont pas des chefs d’établissement d’organiser de telles consultations et d’établir des synthèses sur les programmes, pas plus qu’il n’est dans celles des enseignants d’exprimer leur opinion dans un tel cadre contraint.
Dans ces conditions, les syndicats FO des professeurs des écoles (SNUDI-FO), des professeurs de collège (SNFOLC) invitent les personnels à indiquer qu’ils n’ont pas d’avis à donner aux questions posées, à cocher les cases « Ne Sait Pas (NSP) », lors de la consultation organisée le 15 octobre sur le socle commun et les programmes de maternelle.
Enfin, les enseignants qui ne sont pas en service le mercredi 15 octobre ne peuvent être contraints de participer à cette consultation. N’hésitez pas à contacter Force Ouvrière pour toute difficulté rencontrée à ce niveau.