A l’ordre du jour de ce Conseil Départemental de l’Education Nationale, les mesures de carte scolaire dans les collèges et le SEGPA, les rythmes scolaires. Nadia MORIN (SNFOLC 80) et François STANDAERT (SNUDI-FO 80) y représentaient la FNEC-FP-FO.
Les points suivants ont été abordés dans la déclaration de la FNEC-FP-FO :
Une analyse des rythmes scolaires à l’aune des derniers événements ;
La réaction de Force Ouvrière après les déclarations récentes du gouvernement : 35 milliards d’exonérations de cotisation de la branche famille de la sécurité sociale, 68 milliards d’économie sur la fonction publique jusqu’en 2017 ;
L’opposition aux mesures prévues dans les collèges et plus particulièrement dans les SEGPA ;
Le refus du rattrapage de la journée de prérentrée ;
L’opposition à la décision ministérielle de reporter les mesures de carte scolaire dans le 1er degré après les élections de mars. (Voir la déclaration intégrale de la FNEC FP-FO.)
Le Secrétaire Général de la Préfecture, qui représentait le Préfet, et l’Inspecteur d’Académie ont tenu à réagir aux déclarations préalables des syndicats et en particulier à celle de Force ouvrière sur les problèmes budgétaires généraux. Cela mérite d’être souligné car ce n’est pas l’usage et parce que les réponses marquaient une volonté de convaincre les représentants du CDEN du bien fondé des mesures annoncées. Tout y est passé : les déficits abyssaux du budget de l’Etat, le gaspillage de moyens, l’adéquation entre l’Ecole et les emplois, la priorité donnée à l’école, l’effort pour l’éducation nationale en termes de postes, l’importance de réformer les pratiques, l’union nécessaire autour de l’objectif du ministère de refondation de l’école, l’ambition de redonner la confiance…
Les représentants de Force Ouvrière ont rétorqué que les efforts demandés ne l’étaient pas pour tous, que les cadeaux financiers faits aux employeurs (20 milliards au titre du CICE, 35 milliards au titre des cotisations familiales) ne modifiaient pas la donne en termes d’emploi, les plans sociaux succédant aux plans sociaux et jetant à la rue chaque semaine des dizaines ou des centaines de nouveaux salariés.
Ils ont montré que la réduction de 68 milliards du budget dans la fonction publique (Le Secrétaire Général du Préfet avançait le chiffre de 58 milliards) allait se concrétiser par une nouvelle vague d’austérité, encore plus brutale que la RGPP de l’ancien ministre Woerth et que la MAP du gouvernement actuel pour l’ensemble des fonctionnaires. Ils ont montré que seule une modification radicale de la politique gouvernementale (augmentation substantielle des salaires, recrutements massifs de fonctionnaires) pouvait redonner confiance aux personnels.
Une grande partie du CDEN a été consacré aux fermetures dans les SEGPA et en particulier à la suppression totale de la structure de Corbie. Les explications fournies par Karine FERTE, directrice adjointe de la SEGPA d’Etouvie, qui avait participé en tant qu’experte Force Ouvrière au CTSD de la veille, ont été reprises par plusieurs participants. Elle avait en effet montré que les critères retenus pour réduire les affectations en SEGPA étaient la cause de la diminution des effectifs dans ces structures (Obligation d’un an de retard, possibilité d’acquérir le palier 2 du socle commun en fin de 6ème…).
Les représentants FO ont démontré que la SEGPA de Corbie était viable puisqu’aux 17 élèves prévus l’an prochain s’ajoutaient 11 dossiers d’élèves qui étaient eux aussi susceptibles d’intégrer la structure. Ils ont également montré que contrairement aux affirmations de l’inspection d’académie, les 17 élèves résidaient dans le canton de Corbie (la moitié en famille d’accueil sur Corbie et l’autre moitié dans les villages voisins) et qu’ils n’iraient sans doute pas dans les structures de Rivery ou d’Albert comme prévu par les services. Les arguments avancés n’ont pas modifié la position de l’Inspecteur d’Académie mais les personnels concernés qui avaient fait grève à 88 % le jeudi 6 février et la FNEC FP-FO ne se satisfont pas de cette décision. Ils entendent agir à nouveau.
VOTE sur les SEGPA : CONTRE (FO, UNSA, FSU), REFUS DE VOTE (CFDT)
LIEN adjointe à l’inspecteur d’Académie a présenté une nouvelle liste de 78 communes (et non plus 31 comme donnés dans les documents préparatoires) qui ont envoyé le projet d’organisation scolaire pour la rentrée prochaine. Soit simplement 22 % des communes sur les 353 qui étaient restées à 4 jours (voir liste en annexe). Parmi ces communes, plusieurs ont présenté une organisation dérogatoire qui est acceptée (ex : 2 jours à 6 h 00 et 2 jours à 4 h 30) mais le détail n’a pas été donné. Plusieurs éléments intéressants de la discussion sont à relever.
Philippe CHEVAL, représentant du CDEN, Maire de Chaulnes, Conseiller Général du canton de Chaulnes, Président de la Communauté de Communes de Haute Picardie a fait lecture d’un courrier au nom de cette dernière structure expliquant toutes les difficultés inhérentes à la mise en place de la réforme des rythmes scolaires : horaires imposés par le Conseil Général pour les transports, difficultés à recruter des animateurs, coût supplémentaire engendré … , pour préciser en conclusion que c’était contraint et forcé que la nouvelle organisation de l’école serait mise en place dans la Communauté de Communes.
Cédric MAISSE, Conseiller Municipal d’Amiens, a dénoncé le caractère payant (suivant le revenu des familles) du projet initial de la commune d’Amiens, même si cette option semblait abandonnée à l’occasion de la campagne pour les élections municipales. Il a également précisé que les activités péri-éducatives risquaient d’engendrer la fermeture de centres de loisirs à Amiens (la Ferme de Grasse, par exemple). Il a ajouté que cette réforme créait des tensions au niveau des animateurs d’Amiens dont le rôle, les affectations et les conditions de travail seront modifiés.
Stéphane MAGNIER (FSU) a soutenu l’application des 4,5 jours là où cela ne posait pas de problème et demandé la suspension de la réforme et l’ouverture de discussions pour une autre réforme des rythmes scolaires. Il s’est opposé à un éventuel retour à la semaine de 4 jours.
François STANDAERT, dans une longue intervention écoutée par tous avec une extrême attention, au cours de laquelle plusieurs participants ont marqué leur approbation par des hochements de tête, a une nouvelle fois fait part de l’opposition de Force Ouvrière à la décision du ministre PEILLON de modifier les rythmes scolaires.
Il a précisé que la réforme n’était pas seulement une réforme des rythmes scolaires mais de l’organisation de l’école toute entière. Il a cité plusieurs exemples des difficultés rencontrées par les enseignants et les directeurs par rapport à cette réforme : réunions incessantes, opposition entre les projets des communes, des parents d’élèves et ou des enseignants, tensions entre les différents acteurs, perte de légitimité des enseignants qui ne sont plus les seuls référents de l’école pour les parents…
Il a ajouté que cette réforme obligeait les communes et le Conseil Général à un accroissement des charges financières à un moment où l’Etat leur demandait de restreindre leurs dépenses. Il a démontré que la réforme détruisait l’unité de l’école sur tout le territoire de la République : autant d’organisations des horaires et de fonctionnement que de communes. Il a montré que cette réforme suscitait l’opposition d’un nombre de plus en plus grand d’enseignants, de parents et d’élus, qu’elle mettait « le bazar » depuis 18 mois dans les écoles. Il a douté que toutes les communes passent à 4,5 jours à la rentrée, rappelant que le ministre dans son projet initial avait prévu que toutes les écoles soient à 4,5 jours en septembre 2013.
Il a poursuivi en disant que plus personne ne croyait aujourd’hui que l’allègement de la journée scolaire était l’objectif de cette réforme (c’était l’argument principal du ministère pour la mise en place de cette réforme). Chacun constatait en effet que la semaine de 4,5 jours ne rendait pas la journée scolaire plus courte pour les élèves et augmentait au contraire leur fatigue. Il a dénoncé le fait que la réforme remettait en cause la gratuité de l’école, même dans des communes où les finances ne devaient pas être les plus problématiques (Dury par exemple…).
Il a conclu en réaffirmant que la seule alternative était l’abrogation de la réforme des rythmes scolaires partout. Il a ajouté que Force Ouvrière continuerait à se battre contre la territorialisation de l’école. Il a rappelé l’exigence de FO de stricte séparation du scolaire et du périscolaire, seul gage de garantie de l’égalité devant l’instruction sur tout le territoire.
L’Inspecteur d’académie a annoncé l’arrivée de 80 PES du concours exceptionnel 2014 (en pleine responsabilité dans les classes) à la prochaine rentrée et de 170 PES du concours rénové (à mi-temps dans les classes). Il a ajouté que des postes leur seraient réservés.
Que restera-t-il au mouvement pour celles et ceux qui souhaitent changer de poste ? Quels postes les enseignants à titre provisoire pourront-ils obtenir ?